jeudi 15 mai 2008

La cité de l'amour fraternel



Lors de ma dernière intervention sur ce blog, je disais que j'allais le mettre à jour avec les photos de Philadelphie "le lendemain" (sic). Avec quatre mois de retard, je crois, sans fausse modestie, avoir remporté la médaille de la procrastination. Allez, tant pis, j'ai commencé ce compte-rendu, je le finis, et ça me fera un souvenir. Je me suis pointé dans cette ville la veille de Thanskgiving, le 21 Novembre donc, en ne réalisant pas que tout serait fermé le 22 (quel con...). Ce sont des françaises dans l'auberge de jeunesse qui ont du me faire la remarque. Par chance, tous les monuments et bâtiments historiques étaient ouverts, la journée n'a donc pas été perdue. J'ai commencé à faire un petit tour dans la ville, qui est agréable, je veux dire par là qu'ils ont su concilier l'aspect écrasant du centre-ville américain qui se respecte avec un je-ne-sais-quoi qui rend toute balade dans Philly agréable. Délicate attention des responsables de l'aménagement urbain : plutôt que de nous assommer avec des chiffres et une numérotation impossible, ils ont donné des noms plus champêtres aux rues (Walnut Street, Pine Street, Chestnut Street...) ; à défaut de faciliter la navigation, ça a le mérite de, euh...être original ? Je suis tombé sur la baraque de Betsy Ross, qui serait celle qui a cousu le premier drapeau américain pour les pères Fondateurs. Puis Elfreth's Alley, une des ruelles les plus anciennes de la ville. Joli en automne. Sur les rives du fleuve Delaware, pas grand chose à voir, si ce n'est Penn's Landing, l'endroit où William Penn aurait supposément débarqué. Clic clic photo photo photo. Après ça j'ai gambadé du côté d'Independence Mall, le centre historique, avec l'attraction-phare, Independence Hall, où la Déclaration d'indépendance des États-Unis a été signée. Non loin, le Liberty Bell Center, où est entreposée la fameuse cloche, que, allez savoir, j'imaginais plus grande. En passant près de Broad Street, impossible de louper le City Hall, vraiment imposant, au pied duquel se déroule sur des centaines et des centaines de mètres le Benjamin Franklin Parkway - les Champs-Elysées de Philly - une voie bordée par tous les drapeaux des pays du globe. En marchant le long de la voie pour rejoindre le Philadelphia Museum of Art (ça prend plus de 30 minutes), on peut essayer de deviner quel drapeau appartient à quel pays (si si, c'est super marrant, essayez*). Le musée en question, je ne l'ai pas visité le jour même, mais les marches qui y mènent sont célèbres pour être celles que gravit Stallone au début du premier Rocky. En bas des marches en question, une statue du boxeur (?!).


La maison de Betsy Ross.



Elfreth's Alley, et le Benjamin Franklin's Bridge vu de Penn's Landing.










Penn's Landing, continued.










Vue du centre-ville, mémorial irlandais, Independence Square et Independence Hall.









La salle où a été signée la déclaration d'Indépendance, et Independence Hall vu du parc.












Une statue ("le signataire"), Liberty Bell, la première banque des Etats-Unis.


Beaucoup de peintures murales à Philadelphie. Voici celles que j'ai pu dénicher lors de mes balades (sur certaines, le lecteur averti aura deviné que j'étais complètement paumé).


Le City Hall, Ben Franklin Parkway, une statue à la gloire de Shakespeare.












Vues de la ville.









Le lendemain, rebelote, je me pointe au musée, que mon Routard désigne - à raison - comme "Le Louvre de Philadelphie". Plein de peintres flamands (enfin, il y avait de tout), et je me rend compte que finalement, je les aime bien (surtout Von Ostade et les paysagistes). En revanche, quand ils se mettent à peindre des trucs morts ou des fruits et légumes en veux-tu en voilà, bof. J'en profite pour préciser que ce qu'il y a de mieux dans les musées américains, ce sont les reconstitutions impressionnantes de bâtiments antiques, qu'ils soient d'Europe, d'Afrique ou d'Asie. D'ailleurs, quand ce ne sont pas des reconstitutions, ce sont des édifices qui ont été déplacés pierre par pierre par-delà l'Atlantique. En l'occurrence, on avait droit ici à un cloître français et une maison de thé japonaise. Je n'ai pas pris beaucoup de photos (j'ai la flemme dans les musées), mais l'endroit était vraiment immense et demandait presque une journée entière pour une visite complète. En soirée j'étais à l'auberge de jeunesse pour mater des films, parce que pour trouver des cinés en ville, bonjour. Pour situer, il y avait un seule chambre de vingt-cinq lits, et un asiatique qui se baladait en permanence avec un masque de chirurgien sur la tronche (j'ai passé trois jours à imaginer toutes les sortes de mutilations qu'il pouvait dissimuler...). Quand il parlait, ça faisait comme le cousin Machin : "Mmmmfmfmfmmmmfmph mmmphphpmmmhphpmm, mmmhmmmhmmmrggnnnmmmph ?". Je kiffe les auberges de jeunesse.


Ceci n'est pas un château fort malgré l'apparence, mais une prison. Al Capone y a séjourné. Et le musée vu de l'extérieur.









Musée again. Cloître et maison de thé.









Arrive Samedi, et LE musée que je voulais absolument voir à Philadelphie : le temple Franc-Maçon, siège de la loge de Pennsylvanie (le titre exact, qui a plus de gueule : "The Right Worshipful Grand Lodge of the Most Ancient and Honorable Fraternity of Free and Accepted Masons of Pennsylvania and Masonic Jurisdiction Thereunto Belonging"). Le bâtiment est absolument délirant dans sa démesure architecturale, et la visite était très intéressante. Dommage que mes photos ne fassent pas honneur au lieu. Je les commente quand même :


Le grand escalier du temple, ainsi que le Foyer. Des tableaux partout, notamment ceux des anciens grands maîtres. Dans la librairie du temple, on trouve des sabres de cérémonie, des tabliers maçonniques, dont celui de George Washington, des maquettes de temples, et bien d'autres reliquats (en photo, le plastron que portaient les grands prêtres de l'Ancien Testament, incrusté de douze pierres précieuses, pour les douze tribus d'Israël).






Viennent les salles d'initiation. A chacune un thème particulier. En photo, le hall oriental, le hall gothique (où certains touristes n'ont pas pu s'empêcher de demander si la Franc-Maçonnerie a bien été inventée par les Chevaliers du Temple, et si Dan Brown disait la vérité dans ses bouquins - sic), puis le hall ionique et finalement le hall égyptien.






Ici, le hall normand, le grand escalier vu du second étage, et deux photos du hall renaissance.









Nous avons conclu la visite avec le hall corinthien et ses caryatides, pour retourner dans le foyer. Le guide franc-mac' était très sympa et compétent, j'ai vraiment apprécié la visite.


Le même jour, j'ai pu voir le pâté de maison qui appartenait jadis à Benjamin Franklin, où il avait installé son imprimerie. Les bâtiments "fantômes" représentent l'endroit où devrait se trouver sa maison si elle tenait encore debout. La troisième photo montre le croisement entre Broad Street et Chestnut. On aperçoit le City Hall.





Le dernier jour, je suis allé voir le Museum of Fine Arts (un des plus beaux qu'il m'ait été donné de voir, avec des toiles immenses de Vanderlyn) et la Pennsylvania Academy of Fine Arts, d'où sortaient tous les grands peintres américains à une époque. Maintenant, c'est encore une école, mais pour le visiteur, c'est un musée bourré d'art contemporain dont les "œuvres" fonctionnent à l'électricité. Après ça, il faut bien manger, alors je me suis pointé à Terminal Market, endroit délicieux s'il en est puisque bien chauffé, blindé de restaurants et de snacks, et très "américain", avec food court et cireurs de pompes. J'ai foncé vers les stands des amish (une communauté d'anabaptistes vivant dans le Pennsylvanian Dutch County, qui vivent à l'ancienne, sans électricité ou téléphone, mais qui viennent vendre leur produits à Terminal Market). J'ai bien mangé, sans plus, mais le service était bien : serveuses teutonisantes à robes amples et bonnet, et, en place et lieu de l'écriteau en carton "la maison ne fait pas d'crédit" qu'on trouve dans les bars français, une citation, sur carton également, écrit au feutre fluo : "The fear of the Lord is the beginning of wisdom (Psalm 111:10)". Une sorte de "In God we trust, others pay cash" en plus pontifiant, quoi. J'aime bien. J'allais oublier, j'ai passé une petite heure ou deux dans l'Atwater Kent Museum, un musée consacré à l'histoire de la ville, pas indispensable en soi mais qui consacre une de ses salles à l'art de Norman Rockwell, où sont compilées toutes les illustrations qu'il a créées pour les couvertures du Saturday Evening Post, de 1916 à 1963. Finalement, comme je voulais profiter du beau temps, j'ai cavalé à l'ouest de la ville, où se trouve un grand parc, un immense poumon de verdure en bordure du centre-ville, et qui donnerait presque envie de vivre dans le coin. Les photos parlent d'elles-même. Et c'est tout pour Philadelphie !







Il y avait plein d'oies du Canada, animal cuistre s'il en est, puisque l'une d'entre elle m'a attaqué avec son petit bec furieux et vindicatif.



*(ou pas)

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