mardi 18 septembre 2007

Fashion victim...

...je ne voulais pas, j'ai tenté de résister, mais c'était plus fort que moi...je...je...glps...



C'est quand même classe le orange non ? (vous noterez le petit tatoo sur la joue qui fait bien supporter dégénéré - Nico, le sens du détail !)

Encore un silence radio de plus d'une semaine - désolé ! Au moins, j'ai plein de choses à raconter. Samedi dernier, donc, il y avait le premier match de football américain, qui opposait les Cavaliers d'UVA aux Blue Devils de Duke University (qui venaient de Durham, en Caroline du Nord). On s'est donc tous retrouvés chez Aline pour une
tailgate party matinale (les tailgaters bouffent et boivent entre eux avant les matchs : apparement, c'est une tradition sudiste, mais on n'a pas su me dire pourquoi ça s'appelait tailgating). Après ça, hop, direction le stade en passant par Jefferson Park Avenue...où l'on se rend compte que le sport, ici, c'est une institution sacrée. Absolument tout le monde est sapé en orange, du gamin de quatre ans à l'octogénaire en fin de parcours. Tous ceux qui ont une place de parking libre chez eux essayent de la refourguer moyennant finance, avant de se jeter dans la marée humaine qui converge vers le stade.

Alors, le football américain, comment dire. J'ai bien aimé l'ambiance. Comme je l'ai dit, c'est une institution. C'est social. On y va comme on va à l'église...parce qu'il faut y aller. Et des gens que j'ai pu observer, peu avaient l'impression de s'intéresser au match. Bon, il faut dire que ce sport est spécial ; j'ai glané à droite à gauche des bribes d'explications de règles, et je peux livrer ces impressions :

1) En gros, le principe, c'est de voir de la barbaque en armure s'étriper pendant une heure pour faire passer un ballon ovoïde d'un bout de terrain à un autre, et ce, centimètre par centimètre (cet avis subjectif vous a été offert par l'amicale des sportifs militant contre la brutalité du genre humain).
2) Une heure, c'est l'heure théorique. Le rythme du jeu est extrêmement hâché, et dès que l'arbitre siffle un arrêt, on arrête les compteurs. En conséquent, il n'est pas rare qu'un match dure quatre heures.
3) Quatre heures c'est cool, mais sous le cagnard, non. J'ai jeté l'éponge au bout d'une heure ; ceux qui sont restés jusqu'au bout m'ont dit que la Virginie avait gagné. En fait les gros supporters purs et durs ont eu très peur, parce qu'il parait que l'équipe d'en face était vraiment nulle...et ça aurait été la honte de perdre contre eux (?!).
4) J'ai parlé d'ambiance : j'ai été content de venir pour voir l'effet que ça fait de voir ce stade rempli, ces milliers de personnes qui chantent l'hymne de la faculté à la mi-temps, leurs cris de ralliement, la mascotte de notre équipe ("CavMan" - que je plains le gars qui a du se trainer ce déguisement digne de Disneyland sous cette chaleur !) et les mecs de la fanfare qui en font trop, délicieusement beauf.
5) Comme c'est du sport, forcément au bout d'un moment on s'emmerde. Heureusement, il y a les cheerleaders qu'on peut mater, et c'est quand même beaucoup plus intéressant. Quelle merveilleuse coutume. Save the cheerleader, save the world !


Le stade rempli à ras bord.


La marée orange.


CavMan, c'est le bestiau qui ressemble à Zorro, vu de dos sur l'image.


Les gens du département de français. Sous la djellabah, Alex.


Go 'Hoos go ! ('Hoos, c'est l'abréviation de Wahoos, le nom des étudiants et des sportifs d'UVA. Il me semble que ça a un rapport avec l'hymne de la fac, qui se termine par ce cri. Wahoo !)


Il m'a fallu deux jours pour enlever c't'enfoiré de tatoo.

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Miscellaneous :
  • J'ai un vélo ! Je l'ai acheté d'occase à un vieux qui n'arrêtait pas de bouffer/chiquer du tabac et de le cracher par terre pendant qu'on concluait l'affaire. Révulsant, mais tellement couleur locale. Le vélo a tenu une semaine avant que je bousille la roue arrière. Y a des fois, je suis maudit, for fuck's sake...

  • La forêt que je dois traverser pour rentrer chez moi. En trois semaines, en rentrant de la fac, je me suis fait attaquer par douze castors, deux buffalos et un grizzli, que j'ai dû tuer à mains nues. Lewis & Clark-style !

  • Les Etats-Unis, c'est la patrie des nerds en tous genres. Réputation justifiée. J'ai croisé des dizaines de filles qui se baladent avec des runes elfiques sur leur t-shirt, runes parfois grossièrement inscrites au feutre. Pas pu lire ce que ça voulait dire, ces gourdes utilisaient la transcription sindarin au lieu du quenya. Et elles faisaient des fautes. J'ai aussi vu un mec un peu gothique, cheveux longs et noirs, avec une chemise de forçat d'Azkaban, avec le numéro de détenu dans le dos. Ca donnait bien, il avait vraiment l'air d'un mage noir ! Mais, hélas, ce n'était qu'un geek lambda. Je suis sûr que Christelle kifferait d'avoir le même t-shirt n'empêche ! Allez, le meilleur pour la fin ; le gars a customisé sa bagnole pour avoir la même que les Ghostbusters. Awesome !

  • En parlant de geekitude, Tiffany, une TA qui bosse dans le même bureau que moi, m'a proposé une partie de Magic : The Gathering à la boutique de jeu de rôle du coin, vendredi soir. Je n'ai encore rien compris aux subtilités des règles - ça fait plus de sept ans qu'on essaye de me les inculquer...quand ça veut pas rentrer, ça veut pas rentrer.
Un habitué de la boutique : J'utilise mon archange de lumière céleste et je t'attaque, armé de mes deux artefacts de l'empire Menzorien, qui doublent mes dégats et empêchent tes troupes volantes de bloquer.
Moi : Ahaha, j'avais prévu le coup, on ne me la fait pas, à moi ! J'utilise mon sort instantané de sphère de négation et j'engloutis ton archange à la con, nan mais ho ! Euh, c'est bien comme ça que je l'utilise, cette carte, hein ?
Lui : Impossible, je viens de détruire tes marécages et te priver de tout ton mana. Ta carte, là, elle est useless, et tu viens de perdre 25 points de vie.
Moi : Euh, et c'est grave ?
Lui : Disons que tu viens d'être brûlé au trente-sixième degré.
Moi : Mais quel jeu de merde ! (oui, je n'aime pas perdre)
  • Le temps n'est plus à la canicule, God be praised. On a quand même pu profiter de la piscine. J'ai pu faire l'otarie.

  • La Maison Française a commencé son cycle de projections de films français. La première soirée, ça devait être Paris je t'aime, que j'avais loupé au ciné et que je voulais voir. Le dvd n'était pas dispo, on s'est retrouvés avec A bout de souffle, le premier Godard. Assez mou comme film, mais tout n'est pas à jeter dedans. Au moins j'aurais pu voir ce que c'est, la Nouvelle Vague.
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D'un point de vue estudiantin et professionnel

Il y a des trucs marrants. On a fait remplir des fiches aux élèves en début d'année. On a nos perles. En dehors des classiques "Je veux étudier le français parce que c'est le langue de l'amour", "je veux parler français pour séduire beaucoup" (à la question, "pourquoi avez-vous choisi cette langue ?"), Alex a trouvé une réponse de psychopathe dans ses fiches. Question : "Quelles sont vos acivités extra-scolaires ? Qu'aimez vous faire ?" Réponse : "J'aime manger et dormir. Le Lundi, je joue avec les écureuils." Mouiiiiiii...

Pour le reste c'est pas folichon. J'ai passé mon dimanche à corriger des copies. Le gros souci des profs là-bas, c'est de ne pas mettre des notes trop basses. Parce que tu comprends, l'élève il paye le prix fort pour avoir ses modules, et puis il faut surtout pas le traumatiser, hein, alors on lui met minimum un C, même si c'est un veau. C, c'est un 15/20 en France. C'est je crois la note minimum pour avoir le module validé. Et le gamin qui ramène un 14, les parents l'excommunient puis le brûlent (s'il échappe aux parents, les banquiers qui ont allongé la thune pour le prêt-étude se chargent de le rattraper et de l'achever à coups de rangers). Il faut donc donner plus de 15 à des copies qui frisent l'inintelligible pour les cas les plus extrêmes (deux gars dans ma classe de 202). Vous seriez surpris de ce qu'on peut faire en bidouillant les barèmes ! Heureusement, la majorité bosse bien. Mais j'ai l'impression (à tort, peut-être) que le niveau est plus bas qu'en France. On ne tarit pas d'éloge sur "les universités américaines, les meilleures du monde". En sciences et en ingénierie, oui. En langues, littérature et sciences humaines, je demande à voir. Vendredi j'ai eu un test de trente minutes en vieil anglais. La veille j'ai passé quatre heures à la bibliothèque pour me farçir les déclinaisons des substantifs, des adjectifs et des verbes, pour au final me retrouver devant cinq phrases à traduire, tirées de la version qu'on avait faite pendant la semaine. Il risque pas de se retrouver avec des 14/20 ou moins avec ça, le prof. Quoique ?

C'est tout pour le moment...bientôt on va avoir des micro-vacances (
Reading Day), on commence donc à essayer d'organiser des trucs. J'aimerais bien aller visiter Jamestown pour ma part.

Cheers everybody !


lundi 3 septembre 2007

Première semaine de cours

Pas de nouvelles pendant plus d'une semaine : désolé ! Emploi du temps surchargé. L'installation est un peu bordélique parce que les grands centres commerciaux ne sont pas à la porte d'à côté, et qu'au début on manquait un peu de tout, mais l'appart prend forme petit à petit. Preuve qu'au bout d'une semaine, notre tanière est enfin civilisée : on a la télé ! Télé que je ne regarde pas, puisque je n'ai pas cinq minutes à moi.

Les week-ends, jusqu'à maintenant, ça a été très simple. Le vendredi soir, pubs et restaurants de circonstance pour "décompresser" après les meetings de l'après-midi ; le samedi, ravitaillement (la stat intéressante du jour : il est techniquement possible de mettre quarante sacs de nourriture et de fournitures en tous genres ainsi que leurs cinq propriétaires dans une seule bagnole ET de démarrer) et dimanche journée barbecue-beer pong chez Kellie et son mari, Kellie étant une TA préparant son DEA - ou sa thèse, je ne sais plus. Avant de digresser, place à mes collègues :


A la terrasse d'un café, de gauche à droite : Alex, Tamar (qui bosse au secrétariat du département), Caroline Meyer, Rachel Geer, Aline Charles, Nick Snead.


Les francais qui apprennent des jeux stupides aux américains.


Encore des français. Ils sont partout.


Jennifer Bemis, Pierre Dairon et Nathan Brown derrière.


Alex, Aline et Nick.


Nathan Brown, Nick Shangler.

Ce qu'il y a de plus génial cette année d'un point de vue professionel, c'est de voir que le département de français est très soudé. Les secrétaires et les assistants sortent le soir ensemble, et il y a pas mal de choses qui s'organisent. Ca change de l'Angleterre où j'étais le seul assistant du collège/lycée. En conséquent, je me vois obligé de passer par plusieurs étapes initiatiques ludo-éthyliques. Premier choc, le beer-pong, ou comment transformer ce beau sport qu'est le tennis de table en party-game d'alcoolique : pas de filet, interdit de smasher (horreur!), et on n'autorise que les lobs pour viser les verres en plastique qui se trouvent du côté adverse de la table. Qui se fait toucher un de ses verres, boit. Gatien s'en retournerait dans sa tombe, s'il était mort. Variantes : le flip-beer, un jeu de relais sur table (tu bois, tu fais retomber ton verre du bon côté avec une pichenette, tu passes la main à ton voisin), et le Circle of Death (je passe les détails, j'ai une réputation à conserver). Mais quoi de plus parlant qu'une illustration :


Flip-beer avec de la Bud Light (!). Les Américains peuvent être un peuple vraiment décadent quand ils s'y mettent sérieusement.


Je taquine au flip-beer. Yeah baby !


Pierre qui s'essaye à cet exercice hautement périlleux.


Chez Kellie, table de beer-pong.

Mais cette semaine, c'était surtout la rentrée à l'Université, une rentrée avec son lot de stress puisqu'après nous avoir abreuvés de théories et de dépliants pendant une semaine, les profs nous ont finalement balancés dans la cage aux lions avec une montagne de travail à abattre. J'ai deux classes, et cinq heures de cours par semaine. Les mardis et jeudis, de huit heures du mat' (argh...) à neuf heures et quart, je m'occupe des 202, soit des grands débutants qui traînent une année de français derrière eux (certains ont des résidus de français du collège/lycée, mais ils ont tendance à l'oublier...ou alors leur niveau était déplorable). Ca reste donc très scolaire, avec un manuel qu'on doit suivre le plus possible, et des activités qui tournent autour d'un point de grammaire particulier (en ce moment, l'infinitif présent, l'infinitif passé et le gérondif). Le niveau des élèves est assez disparate. Certains sont très bons, d'autres sont là par obligation d'un prérequis universitaire. En réalité, ils se destinent à être biochimistes ou architectes. Que le système américain est con ! Mais qu'il est con !

Ils se plient de bonne grâce à l'exercice pourtant, et je n'ai pas trop de problème à les faire parler. Mon principal souci, c'est de rendre le cours un minimum vivant et de favoriser les interactions entre élèves, parce que je comprends que la grammaire en cours magistral, c'est pas ce qu'il y a de plus exaltant. Le reste du temps je m'occupe du cours 334, avec un effectif plus réduit (16, 17 élèves environ). C'est complètement différent dans la mesure où les étudiants ont un niveau plus élevé (quoique pas très homogène non plus) et qu'il n'y a plus de grammaire. C'est un cours de conversation qui vise à améliorer les compétences orales et écrites ; on peut y pousser la composante culturelle plus loin. Ils m'ont d'ailleurs demandé de centrer mes cours sur l'actualité. J'ai donc démarré sur un mini-chapitre sur l'Education Nationale et le fonctionnariat en France, avec La Sécurité de l'Emploi de Fatals Picards comme axe de réflexion, pour déboucher sur les réductions de postes et tout le tintouin. Ils n'ont vraiment aucune connaissance de nos institutions en revanche, et il faut tout reprendre à la base. Mais ils ont l'air de bien aimer.

Contrairement aux cours de 202, qui sont ultra-dirigistes et qu'on nous donne tous cuits, en 334 il faut tout créer de A à Z. Je suis parti aux Etats-Unis avec l'idée que ça ne serait pas pire qu'en Angleterre, où on ne me communiquait que très peu d'instructions. Bam, perdu ! Non seulement il faut mettre sur pied des thèmes qui plaisent et aux élèves et à l'instructeur, et construire les séquences de cours qui vont avec, mais on doit s'accommoder de tout ce qui fait le sel du métier d'enseignant : création des interros, corrections des copies, appréciation des performances à l'oral, heures de permanence, faire la hotline pour les élèves qui floodent littéralement ma boite aux lettres 24h/24h, etc. Au début j'étais un peu furax qu'ils nous laissent tomber comme ça, mais finalement on a une heure de didactique par semaine, avec devoirs et compte-rendus à donner à la clef... je vois d'ici les filles de la fac devant leur PC se foutre de moi, qui croyait être débarrassé de ça après le concours ! Et ils ne lésinent pas sur les moyens pour s'assurer qu'ils ne nous payent pas pour rien : en plus de la didactique, on va être inspectés dans nos classes dans le mois qui vient.

Allez, des bonnes nouvelles quand même ! La Maison Française (un bâtiment du XIXeme rénové il y a vingt ans) va monter une pièce de théâtre sous la supervision d'Isabelle (doctorante, super sympa). Je me suis porté volontaire pour l'aider à créer le spectacle. Et mieux, on m'a autorisé à prendre des cours en auditeur libre ! J'ai sauté sur l'occasion et je me suis inscrit en histoire de l'art (deux cours magistraux et un TD par semaine) ainsi qu'en cours de vieil anglais. Le cours d'histoire de l'art est très général, il s'adresse a priori aux premières années, mais j'aime bien le contenu : du paléolithique à la Renaissance, en passant par les grandes civilisations - Egypte, Grèce archaïque et hellénistique, Byzance, art oriental. Pour ce qui est du cours de vieil anglais, j'ai sauté sur l'occasion comme un chacal en rut parce qu'en France, tout d'abord, la matière n'est pas enseignée - on la mentionne juste en cours d'histoire de la langue anglaise - et parce que ça me rappelle le latin et le grec en plus facile (il n'y a que deux déclinaisons, une forte et une faible). Sans compter que l'écriture des manuscrits anglo-saxons est magnifique. J'essaye enfin de m'incruster dans les cours de dessin, mais les profs ne répondent pas à mes emails en ce moment. Enfoirés ! On m'a conseillé d'aller directement aux cours pour montrer mon interêt. On verra bien ! That's all folks !