samedi 25 août 2007

Une espèce rare : le ragondin de Virginie

Enfin le week-end, ça fait pas de mal. Tout d'abord merci à tout ceux qui m'ont envoyé des mails et se sont manifestés dans les commentaires, ça fait super plaisir ! Vendredi c'est le dernier jour de stage, avec une ambiance plutôt relax. L'intervention la plus étrange/drôle du jour, c'est une analyse pédagogique de la méthode directe en langues : pas de langue maternelle, juste du baragouinage illustré de gestes et d'interactions. En l'occurrence, on nous présente un professeur d'arabe qui va illustrer le propos.

Lui : Marhâban ! (hop, il serre deux-trois mains dans l'assistance)
Nous : Maraban !
Lui : MarHHHHHAAAAban !
Nous : MaRRAban !
Lui : RRRRRHHHHHHHHH !
Nous : Reuh ! Marhâban !

C'est bon, on a appris à dire bonjour, ouf ! Et ainsi de suite pour "Anah Nicolas" (je suis Nicolas), "Min aina anta ?" (où habitez vous ?), "oui", "non", "c'est une chaise", "c'est une porte", "merci" (shukrân), etc. Forcément, pour la récapitulation générale du vocabulaire après une demi-heure, il faut qu'il me choisisse, mais comme je me débrouille pas mal (ainsi que Nathan, un autre TA), on écope tous deux du surnom charmant qu'est Ahmed. Yeah ! Cette petite expérience me conforte quand même dans l'idée que même appliquée à des élèves qui ont la chance d'avoir un mode d'apprentissage auditif, la méthode directe absolue, c'est au mieux une méthode qui en vaut une autre, et clairement pas la meilleure, et au pire, une approche dangeureuse qui requiert énormément de participation de la part de l'élève (une seconde d'inattention et on est paumé) et davantage encore de talent de la part du prof pour ne pas rendre ça monotone. La preuve ? Une heure plus tard, même si tout le monde s'est bien marré, il n'y a pas une seule personne qui se souvienne de la majorité du vocabulaire. Et pourtant le prof s'est super bien débrouillé, je trouve.

Je n'ai fait que manger à la fac cette semaine, aux frais de la princesse. Sandwich, sandwich, sandwich, sandwich. Le soir, le plus souvent c'est restaurant avec les autres membres du département de français. Et qu'est-ce qu'ils y servent à votre avis ? Gagné ! Même si je marche minimum une heure par jour, comme je n'ai pas envie de terminer comme Marianne James ou Elvis à la fin de sa vie, je ne commande plus que des salades, fort bonnes au demeurant, mais je me demande si à terme je ne vais pas muter en espèce de gros rongeur herbivore. Place aux photos de l'appart, qu'on m'a réclamées !


La chambre, était-il besoin de le préciser.


La piscine de la résidence vue de l'appart.


Toujours la résidence : terrain de basket.


Cuisine.


Le salon, un peu vide pour l'instant, on va se cotiser pour acheter une télé.


jeudi 23 août 2007

Des photos !

Ca fait trois jours qu'on se mange des réunions, des interventions, des ateliers pédagogiques avec la centaine d'autres assistants, toutes nationalités et disciplines confondues. Ca peut aller du très conventionnel, tendance chiant (l'instructeur qui prend une heure pour nous ressasser les tenants et aboutissants de l'Honor Code d'UVA dont ils sont si fiers) à l'instructif (comment organiser une séquence de cours, comment instiller l'élément culturel dans un cours de manière à intéresser les élèves, comment noter des devoirs rendus, etc.) au franchement génial. Comme par exemple, cet atelier mené par une prof d'art dramatique qui vise à nous donner des conseils quant au comportement de l'enseignant en classe et la manière d'aborder les élèves. Ca va des conseils sur l'articulation, le débit de parole, le volume de la voix, la respiration, le contact visuel, les gestes...et en guise d'exercice (attention, ça devient débile, donc génial !), pour combiner tous ces éléments, elle nous demande de nous avancer sur l'estrade par deux, et de nous lancer des insultes bien senties, tirées du corpus Shakespearéen.

"Thou droning doghearted codpiece !"
"Thou villainous tardy-gaited strumpet !"
"Oh yeah ? Thou churlish boil-brained boar-pig !"

Et voilà qu'on se balance des insultes élizabéthaines en faisant semblant d'être passablement énervés. Mis à part ces moments de défouloir, les journées sont plutôt longues et bien remplies, je n'ai donc pas le temps de faire autre chose. J'ai quand même pensé à ceux et celles qui voulaient mater des photos ! Le temps est toujours aussi maussade, mais ça vous donnera une idée. More to come !


Les
dormitories des étudiants sur le campus. La plupart des TA américains du département de francais y logent. Les chambres sont minucules mais c'est super agréable, avec parquet en bois et cheminée.


Le Old Cabell Hall, vu du Lawn. C'est le bâtiment qui fait face à la Rotonde.


L'amphithéâtre MacIntire. J'ai demandé s'ils montaient souvent des pièces de théâtre avec les élèves, on m'a répondu que non : on y joue surtout de la musique. Tu parles d'un gâchis.


Le Lawn et la Rotonde en arrière-plan.


L'auditorium du Old Cabell Hall. La qualité est un peu pourrie et le cadrage itou, mais oh, hein, bon. Reproduction de l'Ecole d'Athènes de Raphaël sur le mur du fond.


Spéciale dédicace à celles de la fac de lettres : Meriwether et William qui se la jouent au milieu d'un square. Quelle bande de poseurs...et Sacagawea qui en mène pas large derrière !


Le Downtown Mall en fin d'après-midi.


Les autres lecteurs français devant le Wall of Expression de Charlottesville au bout du Mall.


La même avec votre serviteur.


L'intérieur d'un des trolleys dont j'avais parlé il y a quelques jours.

mardi 21 août 2007

Réunions de rentrée

Journée faculté aujourd'hui, je peux enfin voir à quoi ressemble UVA de l'intérieur. Y a pas à dire, les deniers des étudiants sont bien dépensés. C'est magnifique : the Lawn, la Rotonde, l'intérieur des bâtiments...je suis entré (par erreur) dans le Old Cabell Hall, et il y avait là-dedans de quoi être impressionné pour l'étudiant qui vient de la fac de Nice : vieux parquets, fresques sur les murs et les plafonds... ce n'est pas pour rien que UVA est la seul fac américaine à être classée à l'UNESCO.

La réunion de rentrée (Minor Hall) sert surtout de dépistage des étudiants qui ne sont pas en règle. On nous prend nos I-20, nos passeports, nos I-94 pour les vérifier, en nous assurant qu'ils nous seront restitués Jeudi. L'après-midi est plus enrichissante puisque commencent les réunions de formation. Nous sommes dans un groupe de dix teaching assistants environ, tous américains, sauf les quatre francophones : Nicolas Billoud, Emilie Roman, et Alexandre Marcellesi. Le père Billoud vient juste d'arriver à Charlottesville, ses avions ont été retardés, et il a du passer la nuit dans l'aéroport de Charlotte en Caroline du Nord. Pour une fois que c'est pas sur moi que ça tombe !

Le stage donc, consiste en de petites interventions d'une heure environ et entrecoupées de pause. Une prof de linguistique du département de Français évoque d'abord les problèmes de prononciation de notre langue pour les anglo-saxons, puis un jeune doctorant nous parle de l'importance du premier contact avec la classe et comment faire bonne impression, puis une autre prof du département passe en revue les outils informatiques pédagogiques mis à notre disposition. On a aussi droit aux manuels et aux exercices. Le point qui m'a le plus agréablement surpris : l'approche pragmatique qu'ont les américains de la pédagogie. Ici pas de méthodologie théorique (ou si peu), on se pose en permanence la question "comment faire comprendre tel point aux élèves le plus simplement possible ?". On n'hésite pas à nous recommander des exemples qui marchent. C'est peut-être moins intellectualisé qu'en France, peut-être plus formaté, mais ça a le mérite de mettre en confiance pour la rentrée qui se profile à l'horizon.

Une fois la journée terminée, vers 17h, on descend chez Aline, française expatriée (doctorante également) qui a pris l'excellente initiative de récupérer les objets domestiques des anciens assistants. Je récupère une couette et un oreiller comme un gros charognard, le reste viendra plus tard. Puisqu'elle a une voiture, elle tracte Nicolas jusqu'à University Place. On lui donne l'appartement 931, c'est bien lui notre quatrième colocataire.

Quant à Alex, il est logé à la Maison Française qu'on a pu visiter. C'est pas le confort absolu (ils sont six à partager une douche), mais le décor est fantastique. Les étudiants et les assistants qui n'y résident pas sont invités à venir y manger, je n'y manquerai pas. Sans compter la pléthore d'activités francophones qui s'y déroulent et auxquelles on nous demandera de participer. Restau en fin de soirée. Très bonne ambiance mais je sens que les burgers ça va vite me lasser. To be continued !

lundi 20 août 2007

Brian is in the kitchen

Je m'excuse tout d'abord pour ceux qui réclament des photos, mais Dimanche et aujourd'hui il a fait un temps complétement pourri qui ne fait pas honneur à la ville. Dès qu'un rayon de soleil se pointe, je mitraille, promis.

Aujourd'hui, donc, c'est déménagement. Je m'offre les services d'un chauffeur de taxi pour transbahuter mes valises jusqu'à University Place, lequel chauffeur m'assure que "Charlottesville, c'est trop bonnard tu vas voir, les étudiantes s'habillent comme des salopes." (sic) Je suis le premier sur place (à neuf heures du mat', tu m'étonnes), je peux choisir ma chambre mais pas déballer mes affaires parce que mon rendez-vous à la fac s'approche. Je débarque donc dans le New Cabell Hall à 10h30 avec tous les autres étudiants étrangers : énormément d'asiatiques (chinois ?), et quelques indiens. Les asiat' tirent une gueule de six pieds de long et ont tous l'air très sérieux. Elizabeth Wittner, qui s'occupe des tests destinés aux non-anglophones, nous fait asseoir dans un laboratoire de langue, avec des pc et des écouteurs. Et là ils nous filent un test qui compte pour du beurre, pour nous montrer en quoi consistera la vraie épreuve. On a sous les yeux un booklet avec une carte ; style de question : "dites à votre collègue comment se rendre de la gare routière au cinéma". On tourne la page : une BD. "Que raconte cette bande dessinée ?", "Préférez-vous les sports d'équipe comme le foot ou êtes-vous plutôt sports individuels ?", "What is the difference between a chicken and a house ?". Les asiatiques sont à fond, ils prennent des notes et récitent tout bas leur speech comme si leur vie en dépendait.

Après coup, on nous fait passer le writing test, en 45 minutes. On nous demande en 350 mots soit d'expliquer pourquoi on a décidé de venir étudier à UVA, soit de traiter un sujet libre qui dépend de notre spécialité académique, une polémique de préférence, avec exemples et contre-exemples. Je ne savais pas quoi traiter (surtout en 35 lignes...) alors j'ai indiqué "French civilization" et j'ai tapé dans l'actualité avec les funérailles nationales de Lustiger et ce que ça implique, ou comment le petit Nicolas nous met à mort allégrement la loi de 1905, tout en restant le plus neutre possible, puisque de ce côté-ci de l'Atlantique, ils l'aiment bien, justement, le petit Nicolas.

De retour à l'appartement, je tombe sur mon premier colocataire : un roumain qui termine sa thèse de psychologie (j'ai fait l'erreur de lui demander le sujet, le seul mot que j'ai compris, c'est "cognitif"), et qui s'appelle Bogdan (à vérifier). Sur le coup de 20 heures arrive un second colocataire, Kyle. Américain, sans aucun doute : il a fini ses études et il bosse à UVA comme coach pour les équipes de baseball. En conséquence, au repas, ça n'a parlé que de baseball, et le mec est passioné - il parle super vite (pas facile à comprendre quand il est lancé), et comme si on connaissait les règles (heureusement que Wikipédia existe, parce que perso, avant Kyle, home run, pitcher ou strike zone, ça ne me disait rien). Et très sérieusement il nous explique que ce qu'il y a de formidable avec ce sport, c'est qu'il s'imprime mentalement chez les jeunes, et qu'on ne peut s'y mettre passé seize ans. C'est au berceau que l'on devient joueur de baseball. Je lui fais remarquer que c'est comme les padawans de l'Ordre Jedi, et il me dit que oui, ça marche pareil. Le quatrième et dernier colocataire n'est pas arrivé. Demain, réunion de rentrée.

vendredi 17 août 2007

Logement, compte en banque et cagnard

Oh my god. Et moi qui était content de quitter la trop chaude Côte d'Azur. Je n'ai jamais vu une chaleur pareille. Qu'à cela ne tienne, je prends le bus le plus proche et me voilà en ville. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est très contrasté : les environs du campus sont assez beaux, sans mentionner l'Université elle-même. La plupart des bâtiments administratifs sont en style palladien, avec cette combination toute particulière de portiques, de colonnes et de brique rouge. En descendant vers le centre ville, c'est moins pittoresque. Il est difficile, c'est vrai, de tenir la comparaison avec Chester sur ce point là.

Je me retrouve dans un de ces vieux trolleys gratuits qui font la liaison Université/Downtown Mall. So very quaint. J'essaye de prendre des photos dès que possible. Au passage, les américains sont extrêmement serviables : les conducteurs de bus et de trolleys se sont mis en quatre pour me renseigner, en allant jusqu'à descendre de leur véhicule et demander des infos à leurs collègues. De même, ouvrir une carte en centre ville, c'est s'exposer au risque de se faire alpaguer par tous les passants du coin, tous désireux de se rendre utiles. En revanche personne n'arrive à me dire exactement où est censée se trouver ma résidence étudiante ; le nom de la rue où elle se trouve n'apparaît même pas sur les cartes.

De bus en trolley, je tombe sur le centre historique de la ville, le Downtown Mall, une rue piétonne bordée de librairies, de restaurants, d'un ciné et d'autres boutiques. Cerise sur gâteau, on y trouve l'office du tourisme, où je fais le plein de cartes. On m'indique une ligne de bus qui pourrait éventuellement m'emmener pas loin de College Park University Place. Eventuellement, parce que dans les faits elle n'est pas disponible ; je me résouds à marcher sous le cagnard avec mes formulaires et mes dossiers pour aller quand même signer mon bail, histoire de ne pas me retrouver SDF Lundi.

Ce qui était une idée à la con par excellence : entre la Rotonde (au centre du campus) et ma résidence, il y a cinquante minutes de marche dans la forêt, et la navette qui fait le lien ne sera mise en service qu'à la rentrée. Au moins le paysage est magnifique : c'est vraiment sauvage, avec des arbres gigantesques, et quelques maisons posées ça et là dans la cambrousse. Finalement j'arrive à destination, où une employée me fait signer le bail mais me dit qu'il est impossible de payer le loyer en liquide. Faudra revenir demain, après l'ouverture du compte en banque. Bon.

Une heure de marche pour revenir. On entend des castors hululer dans la forêt. Il faut vraiment que je m'achète un vélo.

jeudi 16 août 2007

Premier jour

Premier jour, levé à quatre heures du mat', direction l'aéroport de Nice pour prendre l'avion pour Francfort. Francfort, c'est super grand, c'est environ une heure de marche pour rejoindre la porte d'embarquement vers Charlotte, et surtout, c'est peuplé d'allemands ("was sagt er ?"). Mais on s'y retrouve. Pour arriver à Charlotte (Caroline du Nord), il y a environ 9 heures d'attente, mais je passe plus de la moitié du voyage à pioncer. Dans l'avion, on nous distribue les formulaires à remplir pour faciliter les formalités à l'atterrisage, avec des questions assez fantastiques : "Entre le 23 Mars 1933 et le 8 Mai 1945, avez-vous travaillé ou vous êtes-vous associé (directement ou indirectement) avec le gouvernement allemand Nazi ?"

A Charlotte, ils nous parquent comme du bétail dans des files d'attente interminables pour vérifier les formulaires d'immigration. Le mec chargé de mon dossier refuse mon I-94 parce qu'il est vert (c'est celui que les hôtesses de l'air m'ont donné à bord), et me refait remplir exactement le même, mais en blanc. Je sens que l'aventure administrative va être très enrichissante cette année. Si l'on oublie ces difficultés chromatiques, l'arrivée sur le territoire se fait sans trop de problèmes.

Une heure d'avion supplémentaire me propulse à Charlottesville, avec pluie battante et tonnerre pour mettre l'ambiance. Taxi, hôtel. Pour l'instant, ça fait très cliché : je loge au bord d'une voie immense, bordée de restaurants, de stations service et de shopping centers. La visite du centre-ville, ça sera pour demain.