lundi 3 septembre 2007

Première semaine de cours

Pas de nouvelles pendant plus d'une semaine : désolé ! Emploi du temps surchargé. L'installation est un peu bordélique parce que les grands centres commerciaux ne sont pas à la porte d'à côté, et qu'au début on manquait un peu de tout, mais l'appart prend forme petit à petit. Preuve qu'au bout d'une semaine, notre tanière est enfin civilisée : on a la télé ! Télé que je ne regarde pas, puisque je n'ai pas cinq minutes à moi.

Les week-ends, jusqu'à maintenant, ça a été très simple. Le vendredi soir, pubs et restaurants de circonstance pour "décompresser" après les meetings de l'après-midi ; le samedi, ravitaillement (la stat intéressante du jour : il est techniquement possible de mettre quarante sacs de nourriture et de fournitures en tous genres ainsi que leurs cinq propriétaires dans une seule bagnole ET de démarrer) et dimanche journée barbecue-beer pong chez Kellie et son mari, Kellie étant une TA préparant son DEA - ou sa thèse, je ne sais plus. Avant de digresser, place à mes collègues :


A la terrasse d'un café, de gauche à droite : Alex, Tamar (qui bosse au secrétariat du département), Caroline Meyer, Rachel Geer, Aline Charles, Nick Snead.


Les francais qui apprennent des jeux stupides aux américains.


Encore des français. Ils sont partout.


Jennifer Bemis, Pierre Dairon et Nathan Brown derrière.


Alex, Aline et Nick.


Nathan Brown, Nick Shangler.

Ce qu'il y a de plus génial cette année d'un point de vue professionel, c'est de voir que le département de français est très soudé. Les secrétaires et les assistants sortent le soir ensemble, et il y a pas mal de choses qui s'organisent. Ca change de l'Angleterre où j'étais le seul assistant du collège/lycée. En conséquent, je me vois obligé de passer par plusieurs étapes initiatiques ludo-éthyliques. Premier choc, le beer-pong, ou comment transformer ce beau sport qu'est le tennis de table en party-game d'alcoolique : pas de filet, interdit de smasher (horreur!), et on n'autorise que les lobs pour viser les verres en plastique qui se trouvent du côté adverse de la table. Qui se fait toucher un de ses verres, boit. Gatien s'en retournerait dans sa tombe, s'il était mort. Variantes : le flip-beer, un jeu de relais sur table (tu bois, tu fais retomber ton verre du bon côté avec une pichenette, tu passes la main à ton voisin), et le Circle of Death (je passe les détails, j'ai une réputation à conserver). Mais quoi de plus parlant qu'une illustration :


Flip-beer avec de la Bud Light (!). Les Américains peuvent être un peuple vraiment décadent quand ils s'y mettent sérieusement.


Je taquine au flip-beer. Yeah baby !


Pierre qui s'essaye à cet exercice hautement périlleux.


Chez Kellie, table de beer-pong.

Mais cette semaine, c'était surtout la rentrée à l'Université, une rentrée avec son lot de stress puisqu'après nous avoir abreuvés de théories et de dépliants pendant une semaine, les profs nous ont finalement balancés dans la cage aux lions avec une montagne de travail à abattre. J'ai deux classes, et cinq heures de cours par semaine. Les mardis et jeudis, de huit heures du mat' (argh...) à neuf heures et quart, je m'occupe des 202, soit des grands débutants qui traînent une année de français derrière eux (certains ont des résidus de français du collège/lycée, mais ils ont tendance à l'oublier...ou alors leur niveau était déplorable). Ca reste donc très scolaire, avec un manuel qu'on doit suivre le plus possible, et des activités qui tournent autour d'un point de grammaire particulier (en ce moment, l'infinitif présent, l'infinitif passé et le gérondif). Le niveau des élèves est assez disparate. Certains sont très bons, d'autres sont là par obligation d'un prérequis universitaire. En réalité, ils se destinent à être biochimistes ou architectes. Que le système américain est con ! Mais qu'il est con !

Ils se plient de bonne grâce à l'exercice pourtant, et je n'ai pas trop de problème à les faire parler. Mon principal souci, c'est de rendre le cours un minimum vivant et de favoriser les interactions entre élèves, parce que je comprends que la grammaire en cours magistral, c'est pas ce qu'il y a de plus exaltant. Le reste du temps je m'occupe du cours 334, avec un effectif plus réduit (16, 17 élèves environ). C'est complètement différent dans la mesure où les étudiants ont un niveau plus élevé (quoique pas très homogène non plus) et qu'il n'y a plus de grammaire. C'est un cours de conversation qui vise à améliorer les compétences orales et écrites ; on peut y pousser la composante culturelle plus loin. Ils m'ont d'ailleurs demandé de centrer mes cours sur l'actualité. J'ai donc démarré sur un mini-chapitre sur l'Education Nationale et le fonctionnariat en France, avec La Sécurité de l'Emploi de Fatals Picards comme axe de réflexion, pour déboucher sur les réductions de postes et tout le tintouin. Ils n'ont vraiment aucune connaissance de nos institutions en revanche, et il faut tout reprendre à la base. Mais ils ont l'air de bien aimer.

Contrairement aux cours de 202, qui sont ultra-dirigistes et qu'on nous donne tous cuits, en 334 il faut tout créer de A à Z. Je suis parti aux Etats-Unis avec l'idée que ça ne serait pas pire qu'en Angleterre, où on ne me communiquait que très peu d'instructions. Bam, perdu ! Non seulement il faut mettre sur pied des thèmes qui plaisent et aux élèves et à l'instructeur, et construire les séquences de cours qui vont avec, mais on doit s'accommoder de tout ce qui fait le sel du métier d'enseignant : création des interros, corrections des copies, appréciation des performances à l'oral, heures de permanence, faire la hotline pour les élèves qui floodent littéralement ma boite aux lettres 24h/24h, etc. Au début j'étais un peu furax qu'ils nous laissent tomber comme ça, mais finalement on a une heure de didactique par semaine, avec devoirs et compte-rendus à donner à la clef... je vois d'ici les filles de la fac devant leur PC se foutre de moi, qui croyait être débarrassé de ça après le concours ! Et ils ne lésinent pas sur les moyens pour s'assurer qu'ils ne nous payent pas pour rien : en plus de la didactique, on va être inspectés dans nos classes dans le mois qui vient.

Allez, des bonnes nouvelles quand même ! La Maison Française (un bâtiment du XIXeme rénové il y a vingt ans) va monter une pièce de théâtre sous la supervision d'Isabelle (doctorante, super sympa). Je me suis porté volontaire pour l'aider à créer le spectacle. Et mieux, on m'a autorisé à prendre des cours en auditeur libre ! J'ai sauté sur l'occasion et je me suis inscrit en histoire de l'art (deux cours magistraux et un TD par semaine) ainsi qu'en cours de vieil anglais. Le cours d'histoire de l'art est très général, il s'adresse a priori aux premières années, mais j'aime bien le contenu : du paléolithique à la Renaissance, en passant par les grandes civilisations - Egypte, Grèce archaïque et hellénistique, Byzance, art oriental. Pour ce qui est du cours de vieil anglais, j'ai sauté sur l'occasion comme un chacal en rut parce qu'en France, tout d'abord, la matière n'est pas enseignée - on la mentionne juste en cours d'histoire de la langue anglaise - et parce que ça me rappelle le latin et le grec en plus facile (il n'y a que deux déclinaisons, une forte et une faible). Sans compter que l'écriture des manuscrits anglo-saxons est magnifique. J'essaye enfin de m'incruster dans les cours de dessin, mais les profs ne répondent pas à mes emails en ce moment. Enfoirés ! On m'a conseillé d'aller directement aux cours pour montrer mon interêt. On verra bien ! That's all folks !

5 commentaires:

Pascaline a dit…

Merci pour tous ces détails! C'est super de voir que tu t'amuses bien!
A bientôt,
Pasc ;)

Anonyme a dit…

Aaaah ben c pas trop tôt, je desespérais d'avoir un nouveau compte-rendu, tu vois je suis déjà accro au feuilleton "Nico en Amérique" ;-)
Fais quand même gaffe, j'ai des doutes sur les calories d'une Bud Light!!!!

Miss Migliore a dit…

Hey Nico! C'est cool ça à l'air de bien se passer! Pour les cours, c'est à peu pres comme à UWO j'ai l'impression. T'as l'air de bien t'eclater, c'est cool! Est ce que toi aussi tu dois faire gaffe à tout ce que tu dis pour ne pas froisser les élèves (qui sont en fait des clients) pour ne pas te retrouver avec un procès sur le dis??? Ah le politiquement correct americain!
A bientot!

Nicolas a dit…

T'inquiète pas Soso pour la bud light, j'ai triché, je versais la mienne dans les verres des autres pendant qu'ils regardaient pas ^__^

Yo Morgan et Steph ! Je traine pas sur msn en ce moment donc je peux difficilement aller à la pêche aux nouvelles ; vous avez fait votre blog alors ? Ca se passe bien la rentrée ? Nous ils nous prennent pas tellement la tête avec le politiquement correct, ca m'étonne d'ailleurs.

Anonyme a dit…

Doucement avec le beer pong, ça doit être très mauvais pour le foie!
1 heure de didactique ce n'est rien! avec ce qu'on doit subir nous...Je t'envie pour les cours d'histoire de l'art (et la piscine du campus! as-tu le temps d'en profiter?)
Bises Mich.